dimanche 7 novembre 2010

Los Parisinos au royaume des Khmers

De retour à Bangkok par voie terrestre, 1 mois et demi après avoir atterri à Hanoi.

Suite à Nha Trang et sa désormais fameuse "foire à la saucisse", nous avons passé quelques jours à Mui Ne. Encore une station balnéaire vietnamienne, mais plus calme. Cette ville est surtout connue pour ses immenses dunes de sable. On se croirait en plein désert du Sahara.

Nous sommes ensuite allé vers notre dernière destination du Vietnam : Ho Chi Ming City, plus connue sous le nom de Saigon. C'est une grosse ville sans grand intéret. Après quoi nous avons passé la frontière avec le Cambodge, direction Pnom Penh, la capitale.

Le Cambodge est assez différent du Vietnam ou de la Thaïlande. Le gens ne sont d'abord physiquement pas du même type. Il s'agit du peuple Khmer. Ils ont la peau plus mate et un nez plus large que les autres asiatiques. Le pays est aussi plus pauvre que ses voisins (à l'exception peut-être du Laos). Mais surtout, le Cambodge est un pays tout droit sorti de l'enfer après la chute des khmers rouges qui étaient au pouvoir de 1975 à 1979. Il s'agit du projet de transformation sociale d'un pays le plus radical et le plus violent jamais tenté par un régime totalitaire. Toutes les personnes se rapprochant de près ou de loin à des intellectuels ou à des proches de l'ancien régime étaient exécutées. Cela concerna tous les fonctionnaires, tous les professeurs, tous les artistes, tous les écrivains, etc. Le simple fait de porter des lunettes était pour les khmers rouges une preuve suffisante de votre nature intellectuelle et donc une raison suffisante pour vous tuer. Et ce n'est pas tout. Tous les habitants des villes furent envoyés à la campagne pour les "rééduquer" par des travaux forcés. Le citoyen modèle était le paysan illettré. Les autres devaient réapprendre les bonnes manières. La capitale Pnom Penh fut intégralement vidée de ses habitants. Au total, près d'un quart de la population cambodgienne de l'époque fut tuée.

Voilà 30 ans que le régime khmer rouge a chuté (la communauté internationale n'a pas bougé le petit doigt : en fait on leur a même donné de l'argent pour taper sur les Vietnamiens communistes d'à côté, et ironie du sort ce sont eux qui ont libérés les Cambodgiens du régime en les envahissant...). Cependant le pays porte encore de nombreuses cicatrices. La plupart des dirigeants actuels sont d'anciens hauts responsables khmers rouges ayant réussi à se recaser habilement au sein du nouveau régime. Le Cambodge est un pays à parti unique ou toute opposition est interdite par la loi (comme le Vietnam d'ailleurs). Le gros problème c'est qu'il n'y avait plus aucun intellectuel dans le pays après la chute du régime. Plus aucune université, plus aucun professeur, plus aucun fonctionnaire. Pas facile dans ces conditions de rebâtir un pays.

Ce qui est incroyable, c'est que les Cambodgiens n'ont rien perdu de leur sourire et de leur gentillesse légendaires. Ils sont encore plus gentils que les Thaïlandais, c'est dire !

Nous avons donc d'abord passé quelques jours à Pnom Penh. C'est une grande ville, mais bien plus agréable que Hanoi ou Ho Chi Ming City. Nous sommes ensuite allés à Siem Reap. C'est là que se trouvent les temples d'Angkor.

Bâti entre le 9e et le 13e siècle, le complexe d'Angkor fut la capitale du royaume Khmer. C'était un royaume extrêmement puissant à l'époque. On estime que près d'un million de personne y habitaient (contre seulement 50 000 à Londres à la même époque). Le site est surtout connu pour Angkor Vat, le plus majestueux de tous les temples, mais il s'agit en fait d'un site archéologique immense qui s'étend sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Nous l'avons visité sur 3 jours, en louant des "tuk-tuk" à la journée avec son chauffeur. Pour celles et ceux qui ne sont jamais allés en Asie, le tuk-tuk est une sorte de carrosse de 2 à 4 places tiré par une mobylette. Version locale du taxi parisien, c'est le moyen de locomotion le plus fréquent au Cambodge.

Nous sommes allés visiter en tout une quinzaine de temples, tous aussi beaux et tous différents. Certains d'entre eux sont encore complètement recouverts par la jungle comme au moment où on les a découverts à la fin du 19e siècle. Ces ruines ont été oubliées pendant presque un millénaire. On accède aux salles du temple en se faufilant sous la racine géante d'un arbre tropical qui semble couler sur les parois. On a l'impression d'être dans le dernier Indiana Jones et on se demande si des flèches empoisonnées ne vont pas sortir du mur ou si une énorme boule de pierre ne va pas nous rouler dessus après qu'on ait dérobé l'idole aux mains nombreuses...

Les temples sont souvent construits en forme de pyramide, dont l'architecture symbolise le mont Meru, axe du monde dans la religion hindoue. Sachez d'ailleurs que le mont Meru se situe au centre d'un disque disposé sur des éléphants, eux-même portés par une tortue enroulée dans un serpent géant. Voilà à quoi ressemble l'univers, si on prend un minimum de recul (faites un petit effort).

Cette visite nous a donné l'occasion de nous familiariser davantage avec les mythes et symboles hindous. Autant s'entraîner un peu avant d'aller en Inde. Marina était particulièrement fan des gravures et des sculptures de Garuda. Il s'agit d'un aigle géant mythique, monture de Vishnu, le dieu protecteur dans la trinité hindoue.

Après Siem Reap, nous avons pris le bus pour Bangkok. Il fallait que nous y soyons un peu en avance pour faire notre demande de visa pour le Myanmar (ex-Birmanie). En raison des élections historiques qui s'y déroulent, les autorités birmanes sont extrêmement méfiantes envers tous les étrangers voulant visiter le pays. Ils refusent tous les journalistes. J'espère que nous n'aurons pas de problème pour obtenir notre visa.

Comme il faudra certainement quelques jours pour que notre demande de visa soit étudiée, nous pensons faire une petite semaine de bronzette et de plongée sur une île paradisiaque thaïlandaise. Histoire d'attendre, quoi...

Marina faisant l'étoile sur le dunes de sable de Mui Ne

Petite balade en pirogue dans la jungle vietnamienne

Au Vietnam, les mobylettes, on adore

A la recherche de l'idole aux mains nombreuses

Vishnu sur son Garuda, sa fidèle monture

Cet arbre semble couler sur la pierre. Et impossible le retirer sans abîmer le site. Et sans lui enlever son charme unique !

Le temple Bayon, à quelques centaines de mètres d'Angkor Vat