vendredi 17 décembre 2010

Welcome to"1984" d'Orson Wells

Je vous écris de mon balcon surplombant les eaux turquoises de la mer d'Andaman. Il est 9 heures du matin, 3h en France. Je profite de l'ordinateur pendant que Julien plonge. Nous ne sommes ni au Myanmar, ni en Malaisie mais de nouveau en Indonésie. Nous avons craqué sur cet endroit grâce aux photos de "Pulau Weh" sur google image et aux commentaires élogieux sur la tranquillité des lieux. La précédente censure de notre blog me semblant injuste, je me permets de revenir sur le Myanmar pour vous narrer la suite de nos aventures courant novembre.

La fin du colonialisme anglais aurait pu marquer le tournant d'un Myanmar autrefois appauvrit par les occidentaux. L'assasinat de 1948 d'Aung San en a décidé autrement. Le seul leader politique prônant la démocratie a disparu au profit d'une dictature militaire. Depuis, le peuple ne cesse de manifester son dégoût. En 1988, 300 moines bouddhistes sont assasinés pour avoir tourné leur bol d'aumône en signe de protestation. Pour asseoir l'autorité politique, les dirigeants décident d'organiser des elections l'année suivante, en 1989. Orson Wells, dans "Chroniques birmanes", roman publié en 1936, explique que la corruption était déjà monnaie courante avant-guerre. Seulement, la candidate opposante n'est autre que l'orpheline d'Aung San, ancienne camarade de classe de Ghandi. Incarnant le Myanmar pacifique et prospère, elle obtient une majorité écrasante de 85%. Surpris par son échec, le pouvoir militaire fait enfermé Aung San Suu Kyi. Pour note, elle a reçu le prix nobel de la paix en 1991.

L'après-guerre illustre le climat politique actuel du Myanmar. Un pays corrompu sous le joug d'une puissance militaire. Bienvenu dans "Truman show", un monde factice où tout semble rose. Tout est orchestré pour donner l'illusion d'une démocratie.  Pourtant, des millions d'habitants vivent dans une pauvreté accablante. C'est la première fois que nous voyons autant d'habitations privées d'electricité et d'eau courante. La majorité de la population se compose de paysans. Comme au moyen-âge, ils emploient des boeufs pour labourer les champs à la main. Bien entendu, les habitants risquent l'emprissonnement s'ils nous font part de leur opinion politique.

Aussi, le pays est quasi fermé au tourisme. Pour exemple, toutes les frontières terrestres sont bloquées. Plusieurs routes et lignes de chemin de fer à l'échelle nationale sont interdites aux étrangers. Le moyen le plus simple de voyager est de prendre un tour organisé qui reverse une grosse somme au gouvernement. Le Myanmar autorise le tourisme pour bénéficier de l'apport des dollars neufs en grosses coupures. Séduisant n'est-ce pas?

En dépit de ce constat accablant, nous avons été séduit par le Myanmar. Les Birmans sont de loin les personnes les plus attachantes que nous ayons rencontrées. Consciencieux de vivre dans un véritable enfer, ils semblent heureux que nous nous intéressions à leur pays. Le Myanmar fut autrefois une grande civilisation. Du IXe au XIIIe, le royaume de Pagan était le miroir birman du royaume d'Angkor. Des milliers de stûpas ayant résisté à l'épreuve du temps, nous sommes allés constater l'ampleur de cette civilisation à Pagan et autour de Mandalay.

Après nos escapades culturelles, nous nous sommes reposés au bord du lac Inle. Situé dans les montagnes et long de 20km, il constitue un lieu idéal pour des balades à pied ou en vélo. Par soucis d'économie, nous avons décidé de faire un tour en bateau à la journée avec d'autres personnes. Il s'agissait de 3 français de Nice et d'Alès : Philippe, Nathalie et Gérard. Le courant passa si bien que nous avons partagés nos repas et activités suivantes en leur compagnie pendant presque une semaine. Nous les avons rencontré dans un moment critique où nous étions lasses de voyager. Leurs visions du voyage et leur bonne humeur nous ont apporté un peu de fraicheur! Au passage, je remercie Gulben (Angleterre), Aurore, Quentin, Maria, Noel, Barbara, Paul (Bolivie), Pascal, Anthony (Pérou), Jennyfer, Macarena, Grabriel (Chili), Catherine (Australie), Anthony (Indonésie), Ingrid, Thomas (Vietnam), Jeanne (Cambodge), Philippe, Nathalie et Gérard (Myanmar). Grâce à eux, nous avons passé de formidables moments!

Pagan


Découverte des environs de Pagan en vélo


 Stûpas à perte de vue sur la plaine de Pagan

Habitat type du Myanmar


Lac Inle


Julien, Gérard, Nathalie et Philippe


Village flottant, lac Inle

jeudi 9 décembre 2010

L'île aux tatoo, chaleur et pagodes d'or

Se rendre au Myanmar (anciennement Birmanie) n'est pas une fine affaire. Pour cela, on doit acheter un visa de 28 jours et emporter un sac rempli de dollars. Car une fois sur place, il n'y a pas l'ombre d'une banque. Et lorsqu'on choisit d'entrer dans un pays politiquement instable au moment des élections, tout se corse. A Phnom Penh, la capitale du Cambodge, l'ambassade exige maintenant un délai de 15 jours pour délivrer le visa touristique. A Bangkok, les agences de voyages rechignent à faire les démarches car on ne rigole pas avec la bureaucratie birmane. Les photos d'identités répondent à une norme bien précise et on nous enquête pour vérifier si notre séjour à une vocation journalistique.

Nous avons dû quitter le Cambodge au plus vite pour être sûrs d'obtenir nos visas avant le 18 novembre, jour de notre vol. Ces longues démarches administratives nous ont rappelé avec nostalgie la préparation pour notre grand voyage. Après une queue interminable à l'ambassade du Myanmar de Bangkok, nous avons sauté dans le premier bus pour rejoindre une plage solitaire.

Fidèles à notre vœu le plus cher, nous nous sommes reposés une semaine sur une île paradisiaque thaïlandaise. Enfin, c'est ce qu'on croyait en voyant la brochure de Kho Chang. Certes, la mer turquoise et la plage cotonneuse de sable blanc offrent un magnifique panorama. Le poisson grillé embaume le village. La fraicheur des mojitos nous donne l'eau à la bouche. Tout serait parfait si la Lonely beach (la plage solitaire) n'était pas envahie par tous les marcels et les blondes décolorées. L'accès à la plage se fait par une charmante ruelle bordée de maisons de bambous. On voit régulièrement des Australiens ressortir de ces demeures de fortune avec un beau tatouage flambant neuf. La question qui nous trotte est : « Agissaient-ils sous l'effet du whisky local ?» . Il y a autant de fêtards que de tatoués. La thèse de cause à effet n'est donc pas à exclure... Sous fond de « foire à la saucisse » (NDRL : c'est une manie !), nous retiendrons de Kho Chang ses superbes bungalows en bord de mer, sa cuisine thaï savoureuse et ses coraux habités par de nombreux bans de poissons.

De retour à Bangkok, nous avons profité de la proximité de l'ambassade du Myanmar avec le quartier des banques pour acquérir des dollars en allant récupérer nos passeports. J'ai encore fait un caprice pour manger dans le luxueux restaurant nippon proche d'HSBC. Et si je rédigeais un guide de voyage sur les restaurants japonais ?

Et maintenant, nous voici en Malaisie. Notre blog étant censuré au Myanmar, j'édite aujourd'hui mes premières impressions sur le pays des pagodes dorées. L'ambiance est bien différente des pays frontaliers. On sent l'influence indienne et le recul touristique. Les seuls « gros nez » - c'est-à-dire les étrangers – sont de grands humanistes qui palpitent à l'idée de discuter avec des locaux autour du somptueux royaume oublié de Pagan. Devant notre hôtel, nous voyons circuler  des voitures blanches toutes cabossées au volant inversé. Toutes les demi-heures un vélo traine une remorque avec une enceinte qui crache une musique étrange. Sous un soleil de plomb, nous découvrons les vestiges de l'empire britannique : églises anglicanes, appartement de briques rouges et bâtiments administratifs. Chose étrange, sur le rond-point central est placé un stûpa bouddhique recouvert de plusieurs tonnes d'or. Au-delà de toutes ces merveilles architecturales nous sommes vraiment choqués par la pauvreté et touchés par le charmant accueil des habitants. Mais pourquoi les Birmans sont-ils aussi gentils?????

 Trop heureuse de manger japonais!

Bangkok

Julien, les cheveux au vent

Tour en bateau aux environs de Kho Chang

Yangon, Myanmar

Pagode Shwedagon recouverte de 60 tonnes d'or, Yangon

Vestiges coloniaux, Yangon

Yangon, d'un bar au 40e étage

dimanche 7 novembre 2010

Los Parisinos au royaume des Khmers

De retour à Bangkok par voie terrestre, 1 mois et demi après avoir atterri à Hanoi.

Suite à Nha Trang et sa désormais fameuse "foire à la saucisse", nous avons passé quelques jours à Mui Ne. Encore une station balnéaire vietnamienne, mais plus calme. Cette ville est surtout connue pour ses immenses dunes de sable. On se croirait en plein désert du Sahara.

Nous sommes ensuite allé vers notre dernière destination du Vietnam : Ho Chi Ming City, plus connue sous le nom de Saigon. C'est une grosse ville sans grand intéret. Après quoi nous avons passé la frontière avec le Cambodge, direction Pnom Penh, la capitale.

Le Cambodge est assez différent du Vietnam ou de la Thaïlande. Le gens ne sont d'abord physiquement pas du même type. Il s'agit du peuple Khmer. Ils ont la peau plus mate et un nez plus large que les autres asiatiques. Le pays est aussi plus pauvre que ses voisins (à l'exception peut-être du Laos). Mais surtout, le Cambodge est un pays tout droit sorti de l'enfer après la chute des khmers rouges qui étaient au pouvoir de 1975 à 1979. Il s'agit du projet de transformation sociale d'un pays le plus radical et le plus violent jamais tenté par un régime totalitaire. Toutes les personnes se rapprochant de près ou de loin à des intellectuels ou à des proches de l'ancien régime étaient exécutées. Cela concerna tous les fonctionnaires, tous les professeurs, tous les artistes, tous les écrivains, etc. Le simple fait de porter des lunettes était pour les khmers rouges une preuve suffisante de votre nature intellectuelle et donc une raison suffisante pour vous tuer. Et ce n'est pas tout. Tous les habitants des villes furent envoyés à la campagne pour les "rééduquer" par des travaux forcés. Le citoyen modèle était le paysan illettré. Les autres devaient réapprendre les bonnes manières. La capitale Pnom Penh fut intégralement vidée de ses habitants. Au total, près d'un quart de la population cambodgienne de l'époque fut tuée.

Voilà 30 ans que le régime khmer rouge a chuté (la communauté internationale n'a pas bougé le petit doigt : en fait on leur a même donné de l'argent pour taper sur les Vietnamiens communistes d'à côté, et ironie du sort ce sont eux qui ont libérés les Cambodgiens du régime en les envahissant...). Cependant le pays porte encore de nombreuses cicatrices. La plupart des dirigeants actuels sont d'anciens hauts responsables khmers rouges ayant réussi à se recaser habilement au sein du nouveau régime. Le Cambodge est un pays à parti unique ou toute opposition est interdite par la loi (comme le Vietnam d'ailleurs). Le gros problème c'est qu'il n'y avait plus aucun intellectuel dans le pays après la chute du régime. Plus aucune université, plus aucun professeur, plus aucun fonctionnaire. Pas facile dans ces conditions de rebâtir un pays.

Ce qui est incroyable, c'est que les Cambodgiens n'ont rien perdu de leur sourire et de leur gentillesse légendaires. Ils sont encore plus gentils que les Thaïlandais, c'est dire !

Nous avons donc d'abord passé quelques jours à Pnom Penh. C'est une grande ville, mais bien plus agréable que Hanoi ou Ho Chi Ming City. Nous sommes ensuite allés à Siem Reap. C'est là que se trouvent les temples d'Angkor.

Bâti entre le 9e et le 13e siècle, le complexe d'Angkor fut la capitale du royaume Khmer. C'était un royaume extrêmement puissant à l'époque. On estime que près d'un million de personne y habitaient (contre seulement 50 000 à Londres à la même époque). Le site est surtout connu pour Angkor Vat, le plus majestueux de tous les temples, mais il s'agit en fait d'un site archéologique immense qui s'étend sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Nous l'avons visité sur 3 jours, en louant des "tuk-tuk" à la journée avec son chauffeur. Pour celles et ceux qui ne sont jamais allés en Asie, le tuk-tuk est une sorte de carrosse de 2 à 4 places tiré par une mobylette. Version locale du taxi parisien, c'est le moyen de locomotion le plus fréquent au Cambodge.

Nous sommes allés visiter en tout une quinzaine de temples, tous aussi beaux et tous différents. Certains d'entre eux sont encore complètement recouverts par la jungle comme au moment où on les a découverts à la fin du 19e siècle. Ces ruines ont été oubliées pendant presque un millénaire. On accède aux salles du temple en se faufilant sous la racine géante d'un arbre tropical qui semble couler sur les parois. On a l'impression d'être dans le dernier Indiana Jones et on se demande si des flèches empoisonnées ne vont pas sortir du mur ou si une énorme boule de pierre ne va pas nous rouler dessus après qu'on ait dérobé l'idole aux mains nombreuses...

Les temples sont souvent construits en forme de pyramide, dont l'architecture symbolise le mont Meru, axe du monde dans la religion hindoue. Sachez d'ailleurs que le mont Meru se situe au centre d'un disque disposé sur des éléphants, eux-même portés par une tortue enroulée dans un serpent géant. Voilà à quoi ressemble l'univers, si on prend un minimum de recul (faites un petit effort).

Cette visite nous a donné l'occasion de nous familiariser davantage avec les mythes et symboles hindous. Autant s'entraîner un peu avant d'aller en Inde. Marina était particulièrement fan des gravures et des sculptures de Garuda. Il s'agit d'un aigle géant mythique, monture de Vishnu, le dieu protecteur dans la trinité hindoue.

Après Siem Reap, nous avons pris le bus pour Bangkok. Il fallait que nous y soyons un peu en avance pour faire notre demande de visa pour le Myanmar (ex-Birmanie). En raison des élections historiques qui s'y déroulent, les autorités birmanes sont extrêmement méfiantes envers tous les étrangers voulant visiter le pays. Ils refusent tous les journalistes. J'espère que nous n'aurons pas de problème pour obtenir notre visa.

Comme il faudra certainement quelques jours pour que notre demande de visa soit étudiée, nous pensons faire une petite semaine de bronzette et de plongée sur une île paradisiaque thaïlandaise. Histoire d'attendre, quoi...

Marina faisant l'étoile sur le dunes de sable de Mui Ne

Petite balade en pirogue dans la jungle vietnamienne

Au Vietnam, les mobylettes, on adore

A la recherche de l'idole aux mains nombreuses

Vishnu sur son Garuda, sa fidèle monture

Cet arbre semble couler sur la pierre. Et impossible le retirer sans abîmer le site. Et sans lui enlever son charme unique !

Le temple Bayon, à quelques centaines de mètres d'Angkor Vat

mercredi 20 octobre 2010

Hoi An et Nha Thrang

Voyage rime parfois avec intempéries. En Avril, le Volcan d'Islande nous a condamné à rester dans l'Union Européenne. Quelques jours plus tard les pluies torrentielles de Rio de Janeiro se sont fait entendre. En Australie, nous avons eu la chance de passer une nuit à la belle étoile sous la pluie. Nous étions en plein cœur du désert. Nous sommes maintenant en Asie du Sud-est, durant la période des moussons. Nous nous surprenons à avoir échappé aux typhons philippins et aux graves inondations du centre du Vietnam. Le temps nous sourirait-il?

Nous poursuivons notre itinéraire vers le sud du Vietnam. Hoi An est une ancienne cité maritime.  Au contact des marchands indiens la civilisation Cham a vu le jour. Elle s'est développée au centre du Vietnam autour du royaume de My Son, un complexe de temples hindouistes érigés au VIIe siècle. Parmi ses statues et reliefs en grès, celles de  Shiva, Garuda - aigle mythique ou de Bouddha reflètent la finesse et l'ingéniosité des civilisations voisines : l'Inde, l'Indonésie et la Chine.

Au XVe siècle, des communautés chinoises et japonaises ont immigré dans le port marchand.  Les maisons de bois, les temples et les porcelaines de Hoi An juxtaposent ainsi l'art vietnamien, chinois et japonais. Dans des ruelles étroites des chapeaux coniques se déplacent en vélo ou à pied. Certaines mamies transportent  sur l'épaule des portions de riz emballé dans des feuilles de bananier. On dirait qu'à Hoi An le temps s'est arrêté.

Pour rejoindre Nha Trang nous avons pris un sleeping bus - un bus à couchettes.  Le concept est séduisant mais il a des limites lorsque le trajet s'allonge. Un accident à eu lieu en plein milieu de la nuit. Retenus bloqués de 4h à 10h du matin, nous sommes arrivés le dos en compote à 13h au lieu de 7h. 

Nha Trang est une cité balnéaire du genre de la Grande-Motte. Pour pousser le vice, nous avons pris des œufs "made in the French Alps" pour rejoindre le parc d'attraction de l'île de VinPearl. Au programme toboggans, piscines, manèges, cinéma et salle de jeux vidéos. C'était rigolo mais avec modération! 
Nha Trang restera gravée dans nos mémoires comme la Mecque de la "Foire à la Saucisse".

Vieille ville de Hoi An, classée Unesco

 Petit-déjeuner du champion autour d'un pho bo (soupe de nouilles au boeuf)

On se croirait dans un décor de cinéma!

 Sculpture de Garuda, aigle royal

Temple de My Son ravagé par la guerre du Vietnam

 Foire à la saucisse

vendredi 8 octobre 2010

Tour du monde, épisode 2

Hue, 11e jour au Vietnam.

Après notre petit retour en France, nous sommes repartis vers Bangkok. Nous avions prévu d'y rester quelques jours le temps de nous munir de tous les visas nécessaires aux pays d'Asie du Sud-Est que nous souhaitions visiter. Ce fut inutile en pratique, puisque nous avons réussi à nous procurer tous les visas par internet. Nous avons donc profité de ces quelques jours à Bangkok pour nous reposer et pour faire un "craquage hôtel", ce qui signifie se faire un petit peu plaisir dans un hôtel de standing supérieur à notre budget habituel... Nous avons donc passé 4 jours dans un hôtel luxueux avec une superbe piscine sur le toit de laquelle nous avions une vue imprenable sur la ville.

Nous avons ensuite pris l'avion pour Hanoi, au nord du Vietnam. Nous prévoyons de descendre le Vietnam (qui a l'avantage comme le Chili d'être tout en longueur donc assez facile à parcourir) puis d'aller au Cambodge avant de revenir à Bangkok où nous attendra notre avion pour le Myanmar (l'ex-Birmanie).

Le Vietnam, c'est un peu la caricature de l'Asie vue de l'occident. Il y a des vélos et des mobylettes partout. Des rues noires de monde avec des petites échoppes dans tous les coins. Les femmes sont coiffées de ces fameux chapeaux coniques et portent leur marchandise dans deux bacs suspendus à une tige qu'elles posent sur leur épaule. Le Vietnam, c'est l'image que l'on se fait de l'Asie lorsqu'on n'y est jamais allé. Le Vietnam, c'est exactement comme dans Tintin et le Lotus Bleu.

Nous avons donc d'abord passé 3 jours à Hanoi. C'est une ville qui a un certain charme : des ruelles étroites dans lesquelles s'engouffrent des dizaines de mobylettes et une forte nostalgie du communisme. Hanoi était en effet le bastion de Ho Chi Ming, le leader communiste du Vietnam. On peut y visiter son mausolée, qui est un chef d'oeuvre du bon goût stalinien en matière d'architecture...

Nous avons ensuite mis le cap sur la baie d'Halong. C'est la carte postale classique du Vietnam : un littoral tropical avec d'immenses montagnes en forme de pain de sucre qui émergent de la mer. C'est superbe. Nous avons passé quelques jours sur l'île de Cat Ba dans la baie. Entre deux après-midi de plage et un tour en moto sur l'île, nous avons avec Thomas, Ingrid et Aurélie loué un bateau (avec son capitaine et son cuisinier) pour deux jours dans la baie. Ce fut un très bon moment. La délicieuse salade de calmar du chef restera dans les annales. A partir du bateau, nous sortions les kayak pour visiter des plages désertes ou explorer des grottes qui devenaient accessibles à marée basse.

Dans la série "Julien goûte à tout ce qui bouge", j'ai tenu à goûter du limule. Le limule est une sorte de gros crabe en forme de fer à cheval avec une longue queue. Il est parait-il considéré comme un fossile vivant parce que son anatomie n'a quasiment pas évolué depuis 500 millions d'années. La bestiole est assez surprenante à voir. J'ai lu que c'était elle qui avait inspiré le designer du film Alien pour créer la larve de l'alien (vous savez, le truc qui s'accroche au visage de sa victime pour pondre). Miam. Au goût ça ressemble à de la viande blanche mais c'est assez fade. Pour couronner les tout, le cuisinier a eu l'idée géniale de le faire paner avant de le faire frire. Autant dire qu'il n'en restait plus grande chose de notre limule. Pauvre limule.

Après Cat Ba, nous avons pris un petit bus de nuit sur le pouce direction Hue, au centre du Vietnam. Hue, c'est la ville où se trouvaient les empereurs de la dynastie Nguyen (1802-1945) avant la prise de pouvoir de Ho Chi Ming. Les ruines du palais impérial sont plutôt jolies. Hélas il semblerait que le Vietnam soit assez pauvre en vestiges historiques et en monuments religieux. Entre les communistes et les bombardements américains il ne reste plus grande chose.

Demain, nous partons pour la ville de Hoi An.


Hanoi, avec ses insupportables mobylettes surtout en l'absence de trottoir

Le genre d'affiche que l'on voit souvent au Vietnam

La baie d'Halong avec ses fameux pains de sucre

Un bateau à voile typique de la baie

Marina au sommet de l'île sauvage de Cat Ba

Le Vietnam, c'est plutôt humide, et surtout pendant la mousson

Le limule que nous avons mangé, tenu par Thomas avec qui nous avons loué le bateau. Appétissant, hein ?

C'est ici que l'empereur venait se reposer pour écrire ses poèmes

lundi 4 octobre 2010

Petit retour au pays du vin et du fromage

Après notre séjour sur l'île de Sulawesi en Indonésie, nous avons fait un petit détour vers la France pour revoir nos familles et soutenir El Vioco (que vous connaissez déjà tous si vous lisez les commentaires de ce blog) pour son opération.

Nous pouvons ainsi affirmer que le trou du cul de la France n'est qu'à 2 jours de voyage (1 tuk-tuk, 1 bus de nuit, 5 avions, 2 métros, 1 TGV et 1 TER) du trou du cul de l'Indonésie. Et ça, on ne le dit jamais assez. Nous avons même testé le nouvel A380 entre Dubaï et Paris.

Ce fut l'occasion -courte mais si agréable- de rappeler à nos estomacs le goût de la gastronomie française. Prendre des bus pendant 36 heures et nager avec des piranhas, c'est une chose,  mais passer 6 mois sans manger de fromage, c'est juste impossible. Ce fut également l'occasion pour Marina de se réconcilier partiellement avec la race canine. Un grand merci à Sezni (cf. photos) pour sa patience à apprendre à Marina à lui lancer un bâton.

El Vioco se remet doucement de son opération. Nous avons de notre côté remis les voiles vers Bangkok pour un transit de quelques jours, après quoi nous nous sommes dirigés vers le Vietnam. Mais j'empiète déjà sur le prochain épisode...

NB : pour des raisons techniques obscures, très complexes et indépendantes de notre volonté, la carte Google Map à gauche nous affiche toujours collés à Sucre. Nous tenons à rassurer nos familles sur le fait que nous ayons déjà quitté la Bolivie il y a quelques mois et également à nous excuser pour la gène occasionnée. Ce problème provient d'une limitation du nombre de segments qu'il est possible d'afficher simultanément sur une carte Google Map. Notre expert cartographique nous informe qu'il aurait déjà trouvé une piste. Nous vous tiendrons bien-entendu au courant.

La Sainte Famille

Sezni en train d'apprendre à Marina à lui lancer la balle

Ouf ! Elle est toujours là !

dimanche 5 septembre 2010

Si je dis cigarettes aux clous de girofle vous me répondez...?

Mon premier est la jungle, mon second une mer bleue emeraude, mon troisième le soleil, mon quatrième des centaines de mobilettes et mon cinquième des gens forts souriants. Mon tout se concentre non loin du Japon. Vous l'aurez deviné, nous avons rejoint l'Indonésie ! Pour être honnête nous étions impatients de retrouver l'Asie. L'Australie est un pays fantastique où l'on se sent en sécurité dans de jolies petites villes coquettes. Les Australiens  particulièrement accueillants vivent dans des paysages naturels époustouflants. Tout semble parfait. Si parfait que les arnaques, les négociations de prix, le désordre, les fruits exotiques et la circulation chaotique, tout cela nous manque. Nous en avons déduit que l'aventure prend sens dans un univers culturel loin du notre.
Notre premier contact avec la mer et les fonds sous-marins a été en Australie à Cairns, sur la Grande barrière de corail puis en Indonésie, à Sulawesi. Dans ces eaux turquoises, des centaines de poissons et de crustacés avancent gracieusement dans un relief dessiné par des coraux aux couleurs de l'arc-en-ciel. Absorbés par cet univers magique, nous perdons vite la notion de l'espace et du temps. Sur notre peau encore fragile, seule la marque au fer rouge du soleil puissant nous rapelle à la réalité. Au passage, je remercie les parents de Julien pour leur trousse de soins ultra-complète !
A Kuta à Bali, nous avons retrouvé notre fidèle ami Anthony. Fidèle car c'est le seul lecteur de notre blog a être passé de l'autre côté de l'écran. Essayez de vous concentrer quelques minutes sur mes lignes, on ne sait jamais. Peut-être vous retrouverons-nous au Vietnam, au Cambodge, en Malaisie, en Inde, au Népal, en Jordanie ou en Israël. Ce serait un véritable plaisir de partager à nouveau nos aventures.
Nous avons passé une nuit à Kuta. L'île de Sulawesi constitue une bonne alternive au tourisme de masse de Bali. Au centre, le peuple de Toraja est célèbre pour ses rituels funéraires aux allures de grands festins. Arrivés au coeur de l'action, une famille nous a invité à participer à la cérémonie. Il s'agissait d'une messe protestante. Nous étions assis au centre du tapis de paille où se tenaient tous les invités. Ils semblaient à la fois curieux et honorés par notre présence. Après la messe, on nous a apporté de délicieux mets dont de la viande de cochon et de buffle. Dans une atmosphère de brouaha, de danses et de rires, le couffin s'est soudain soulevé. Une dizaine d'hommes en sueur tentait de le transporter jusqu'à la montagne sacrée. Arrivés au sommet, les hommes hissèrent alors le cercueil jusqu'à l'intérieur d'une grotte sculptée pour l'occasion. Le spectacle était frappant, l'hospitalité des Torajas touchante. 
Quelques jours plus tard, nous avons assisté à de nouvelles funérailles, mettant en scène des sacrifices d'animaux. Les enfants se doivent d'offrir des animaux pour honorer leur défunt parent. Un à un, une petite dizaine buffles a connu le sort ultime sous nos yeux. Un coup de machette. Le cou du buffle s'ouvre. Du sang se déverse. L'animal se débat et finit par tomber. La scène dure quelques minutes. Tous les invités, y compris les enfants assistèrent au spectacle sans aucun sentiment de répulsion. Je fus la seule à me cacher les yeux pour les sacrifices suivants. Vous auriez tenu vous ?

Coraux de la grande barriere de Corail, Australie
Anthony et Julien
Bira, Sulawesi
Architecture traditionnelle
Coup de hachette fatale


jeudi 19 août 2010

Kings Canyon, Kata Tjuta & Uluru

Ces trois derniers jours, nous avons visité le célèbre site d'Alice Springs. Ces curiosités géologiques se trouvent au coeur de l'Australie, en plein milieu d'un désert de sable rouge. Ce sont de surprenantes montagnes qui émergent en plein milieu d'une plaine large de plusieurs milliers de kilomètres. Aussi, le peuple aborigène a élu ces reliefs comme lieux de cultes. Afin de respecter les croyances locales il est interdit de photographier certaines grottes et il est déconseillé de gravir jusqu'au sommet de la barre rocheuse d'Uluru.

Afin de respecter notre budget, nous avons réservé avec l'agence "Rock Tour" qui offre le trajet, deux nuits à la belle étoile et de copieux repas réalisés par...nous-mêmes! Nous étions une vingtaine dont l'âge moyen devait se situer autour de 23 ans. Notre guide Sam semblait fasciné par ces lieux mystiques et ne cessait de nous conter les légendes et les rapports géologiques établis. Tournant le dos à une surface rocheuse de l'Uluru, Sam nous expliqua qu'il n'avait jamais osé regarder ce site réservé aux femmes. Au Kings Canyon, nous avons appris que le grand Canyon des Etats-Unis n'était pas un canyon mais une gorge formée par une rivière. Les canyons sont le résultat de mouvements tectoniques, provoquant le soulèvement d'importantes masses rocheuses. Soumis à l'érosion de l'eau et du vent pendant des milliers d'années, les parois deviennent alors lisses et courbées. 

Le soir, près du feu de bois, nous nous sommes familiarisés avec la culture locale en discutant avec des Australiens et des étrangers en working holidays. Nous avons eu la confirmation de ce que Julien avançait dans le post précédant. Il existe une ségrégation frappante entre le peuple australien et le peuple aborigène. Certaines tribus vivent encore à l'état sauvage en chassant des kangourous et cueillant des baies sauvages. Les groupes intégrés à la culture anglo-saxone survivent des aides de l'état avec une notion bien vague du travail et de l'argent. Dans la langue aborigène, on peut compter jusqu'à cinq, comme les doigts d'une main. Au-delà, on dit seulement "beaucoup". Preuve que les échanges monétaires sont considérés comme mineurs. Plutôt que de vouloir à tout prix les intégrer à la culture occidentale, le gouvernement australien devrait insister sur les spécificités culturelles des aborigènes et tenter de prendre en compte leur désir d'indépendance.

Centre de Sydney
Près de l'opéra
Blue Mountains
Kings canyon
Kata Tjuta
Uluru