Je vous écris de mon balcon surplombant les eaux turquoises de la mer d'Andaman. Il est 9 heures du matin, 3h en France. Je profite de l'ordinateur pendant que Julien plonge. Nous ne sommes ni au Myanmar, ni en Malaisie mais de nouveau en Indonésie. Nous avons craqué sur cet endroit grâce aux photos de "Pulau Weh" sur google image et aux commentaires élogieux sur la tranquillité des lieux. La précédente censure de notre blog me semblant injuste, je me permets de revenir sur le Myanmar pour vous narrer la suite de nos aventures courant novembre.
La fin du colonialisme anglais aurait pu marquer le tournant d'un Myanmar autrefois appauvrit par les occidentaux. L'assasinat de 1948 d'Aung San en a décidé autrement. Le seul leader politique prônant la démocratie a disparu au profit d'une dictature militaire. Depuis, le peuple ne cesse de manifester son dégoût. En 1988, 300 moines bouddhistes sont assasinés pour avoir tourné leur bol d'aumône en signe de protestation. Pour asseoir l'autorité politique, les dirigeants décident d'organiser des elections l'année suivante, en 1989. Orson Wells, dans "Chroniques birmanes", roman publié en 1936, explique que la corruption était déjà monnaie courante avant-guerre. Seulement, la candidate opposante n'est autre que l'orpheline d'Aung San, ancienne camarade de classe de Ghandi. Incarnant le Myanmar pacifique et prospère, elle obtient une majorité écrasante de 85%. Surpris par son échec, le pouvoir militaire fait enfermé Aung San Suu Kyi. Pour note, elle a reçu le prix nobel de la paix en 1991.
L'après-guerre illustre le climat politique actuel du Myanmar. Un pays corrompu sous le joug d'une puissance militaire. Bienvenu dans "Truman show", un monde factice où tout semble rose. Tout est orchestré pour donner l'illusion d'une démocratie. Pourtant, des millions d'habitants vivent dans une pauvreté accablante. C'est la première fois que nous voyons autant d'habitations privées d'electricité et d'eau courante. La majorité de la population se compose de paysans. Comme au moyen-âge, ils emploient des boeufs pour labourer les champs à la main. Bien entendu, les habitants risquent l'emprissonnement s'ils nous font part de leur opinion politique.
Aussi, le pays est quasi fermé au tourisme. Pour exemple, toutes les frontières terrestres sont bloquées. Plusieurs routes et lignes de chemin de fer à l'échelle nationale sont interdites aux étrangers. Le moyen le plus simple de voyager est de prendre un tour organisé qui reverse une grosse somme au gouvernement. Le Myanmar autorise le tourisme pour bénéficier de l'apport des dollars neufs en grosses coupures. Séduisant n'est-ce pas?
En dépit de ce constat accablant, nous avons été séduit par le Myanmar. Les Birmans sont de loin les personnes les plus attachantes que nous ayons rencontrées. Consciencieux de vivre dans un véritable enfer, ils semblent heureux que nous nous intéressions à leur pays. Le Myanmar fut autrefois une grande civilisation. Du IXe au XIIIe, le royaume de Pagan était le miroir birman du royaume d'Angkor. Des milliers de stûpas ayant résisté à l'épreuve du temps, nous sommes allés constater l'ampleur de cette civilisation à Pagan et autour de Mandalay.
Après nos escapades culturelles, nous nous sommes reposés au bord du lac Inle. Situé dans les montagnes et long de 20km, il constitue un lieu idéal pour des balades à pied ou en vélo. Par soucis d'économie, nous avons décidé de faire un tour en bateau à la journée avec d'autres personnes. Il s'agissait de 3 français de Nice et d'Alès : Philippe, Nathalie et Gérard. Le courant passa si bien que nous avons partagés nos repas et activités suivantes en leur compagnie pendant presque une semaine. Nous les avons rencontré dans un moment critique où nous étions lasses de voyager. Leurs visions du voyage et leur bonne humeur nous ont apporté un peu de fraicheur! Au passage, je remercie Gulben (Angleterre), Aurore, Quentin, Maria, Noel, Barbara, Paul (Bolivie), Pascal, Anthony (Pérou), Jennyfer, Macarena, Grabriel (Chili), Catherine (Australie), Anthony (Indonésie), Ingrid, Thomas (Vietnam), Jeanne (Cambodge), Philippe, Nathalie et Gérard (Myanmar). Grâce à eux, nous avons passé de formidables moments!
Pagan
Découverte des environs de Pagan en vélo
Stûpas à perte de vue sur la plaine de Pagan
Habitat type du Myanmar
Lac Inle
Julien, Gérard, Nathalie et Philippe
Village flottant, lac Inle